TERMINONS LA POLEMIQUE, ENGAGEONS LE DEBAT DE FOND

Publié le par Tourtaux

TERMINONS LA POLEMIQUE, ENGAGEONS LE DEBAT DE FOND

 

Mon cher camarade Jacques Tourtaux, je te prie de publier sur ton blog la présente mise au point. Elle est absolument nécessaire. Voici pourquoi. Les menaces qui pèsent sur notre peuple et sa classe ouvrière mais aussi sur les peuples du monde sont considérables. Il est parfaitement clair, que dans tous ses mécanismes, le capitalisme, l’impérialisme nous conduit à l’extermination de l’humanité.

 

La responsabilité des progressistes, de ceux qui se pensent communistes, et nous sommes encore très nombreux, à militer pour un changement de société qui ne peut être dans le fond, que militer pour le communisme. Nous devons assumer notre responsabilité ici et maintenant dans ce pays qui est la France. Parmi les conditions à réunir, pour permettre au peuple de relever la tète et d’entrer en lutte, figure en tête la nécessité absolue du débat démocratique. Dans un premier article, je propose à grands traits de décrire la situation qui est la nôtre en la situant dans un contexte historique. Je n’ai pas la prétention de dire la vérité, simplement de contribuer à la réflexion pour mieux militer et lutter. Je ne reviendrais sur le conflit qui s’est développé après que d’une part tu as critiqué le contenu du tract du 1er mai du Front Syndical de Classe, et que d’autre part, je sois intervenu sur ton blog sur les conceptions qui ont présidé à la naissance de cette association. Je persiste à penser, que chaque militant a non seulement le droit, mais le devoir impérieux d’intervenir sur tout ce qui concerne les analyses, les formes d’organisation, les idéologies en action, dans un esprit fraternel, mais sans concession. En gros, j’affirme que toi, comme moi, avons respecté ce principe. Nulle attaque publique de camarade n’a été prononcée.

 

Toi, comme moi, sommes – parfois avec trop de vigueur - restés sur le terrain de la juste controverse politique et syndicale.

 

Un article a été publié par le blog du FSC signé par un éminent camarade. Pour moi cet article est totalement inacceptable, car il nous compare, toi, comme moi sans aucune nuance à Doriot. Qui est Doriot : cet individu qui fut un responsable et un élu du PCF fonda le Parti populaire français, qui, durant l'Occupation allemande sera l'une des deux principales organisations de la collaboration. Bref une officine nazie. Il s’agit d’une insulte publique gravissime et inexcusable,  autant à ton encontre qu’à la mienne. Je passe sur les allégations concernant des évènements d’ il y a plus de 40 ans et me concernant, elles sont toutes totalement fausses.

 

C’est la raison pour laquelle il ne faut pas accepter les réponses qui sont faites et surtout ouvrir le débat. Par delà l’exemple concret de cette controverse se pose le problème de l’ensemble des organisations d’extrême gauche, qui cultivent en priorité la stigmatisation de tous ceux qui ne pensent pas comme chacune d’elle. Il suffit de constater que le mot « Stalinien » utilisé à tout propos et hors de propos dans ce milieu, comme stigmatisation et/ou insulte. N’oublions pas qu’il est aussi utilisé – comme le mot gauchiste, et bien d’autres – par nos ennemis de classe.

 

Je propose concrètement une analyse du contexte politique aujourd’hui. J’ai répondu à l’association Front Syndical de Classe. Je n’y interviendrais plus. Pour moi le débat est définitivement clos. Je te demande d’en faire de même et de continuer avec ta légendaire persévérance à publier des nouvelles sur les luttes qui se développent partout en France et dans le monde. De mon côté, je reste totalement mobilisé sur le terrain et les camarades du bassin minier le savent bien. J’étais à Arras avec les métallos de Durisoti hier mercredi 17. Plusieurs camarades, m’ont demandé : tu n’étais pas à notre dernière manif, on s’est demandé pourquoi. J’étais sur un autre lieu militant.

 

LE CONTEXTE POLITIQUE AUJOURD’HUI

 

Le peuple de ce pays a fait la première grande Révolution populaire qui a changé la France en profondeur et contribué à changer le monde. Cette Révolution a été menée en partie par la bourgeoisie montante, qui a fini par la confisquer, pour permettre dès les premières décennies du siècle suivant l’essor de l’industrialisation capitaliste. Cet essor a permis de constituer une classe capitaliste puissante qui a exploité très durement la classe ouvrière qui s’est peu à peu construite au cours du XIXéme siècle. Et ceci, en s’appuyant sur la loi Le Chapelier votée par la Convention en juin 1791, et qui interdit aux ouvriers de s’organiser pour résister à l’exploitation capitaliste. Cette loi disparaîtra de fait avec la reconnaissance un siècle plus tard du fait syndical. Le mouvement syndical, et la CGT en tout premier, vont alors se développer très rapidement. Le syndicalisme va connaître de grands succès et la consécration en 1945, lorsque les lois dont il a élaboré le contenu deviendront les lois de la République. Ces lois ont été mises en place par les ministres communistes – qui étaient aussi d’éminents dirigeants syndicalistes - de la Libération. Rappelons à ce sujet, qu’à cette période, le rapport de force était en faveur de la classe ouvrière et du peuple, car il existait partout en France outre une très grande mobilisation de la classe, des milices patriotiques et principalement les FTPF dirigés par le Parti Communiste.

 

De Gaulle n’a eu de cesse durant sa présence à la tête du gouvernement, de désarmer ces milices, en même temps qu’il imposait le remplacement des préfets mis en place par la Résistance. Il ouvrait ainsi la voie à la première des nombreuses attaques contre ces lois de 45. Le socialiste Robert Lacoste promulguait des décrets scélérats remettant en cause les lois sur la fonction publique et le statut du mineur. Une puissante grève en particulier des mineurs répondait à cette ignominie. Le socialiste de triste mémoire Jules Moch envoyait alors la troupe contre la population des bassins miniers soudée derrière les gueules noires. Plusieurs morts du côté des héroïques mineurs et aussi un bannissement qui toucha des centaines et des centaines de mineurs. L’état français sous la gauche ou sous la droite n’a jamais voulu reconnaître l’illégalité de cette action et le droit des mineurs ainsi réprimés à indemnisation.

 

Revenons à 1945. De Gaulle, devant l’immense popularité des communistes de France, qui avaient impulsé une résistance solide et déterminée avec les FTPF, résistance qui partout dans notre pays, résistants français et « étrangers » unis dans la lutte contre le nazisme, avait accepté un compromis qui sera qualifié d’historique. Ce compromis entre essentiellement le PCF et la CGT d’un côté, la bourgeoisie qui avait peu ou pas collaboré de l’autre, et qui était représentée par De Gaulle, a contribué à la mise en place des lois dites sociales. Il permettait en même temps à l’économie capitaliste de se développer (par exemple l’industrie pharmaceutique). Cette bourgeoisie avait été contrainte d’accepter la nationalisation de nombreux secteurs clés de l’économie : transport aérien et ferroviaire, automobile (Renault, qui revient à l’actualité avec la triste tentative des héritiers Renault de réhabiliter le grand père collaborateur notoire) énergie (électricité et gaz), banques … Ce dispositif a permis ce qu’on a appelé les trente glorieuses. Durant cette période, qui se termine au milieu des années 70, au prix de luttes résolues, comme en particulier en 53, 63 ou 68, la classe ouvrière et le peuple ont connu des conditions de vie relativement satisfaisantes, en tous les cas, bien meilleures qu’aujourd’hui. Le syndicalisme - et la CGT principalement - était puissant.

 

La présence active de l’URSS et du camp socialiste ont permis de maintenir au niveau mondial un équilibre très précaire, mais participant à ce rapport des forces.

 

C’est au milieu des années 70 avec le coup d’état perpétré au Chili par Pinochet sous la direction et le soutien de l’administration des USA que les choses vont changer. Les « économistes » états-uniens de Chicago purent imposer au peuple chilien via la terreur et les massacres du pouvoir de l’armée, la suppression totale et rapide de la totalité des lois sociales et même humanitaires permettant ainsi la mise en place d’un capitalisme pur et dur.

 

En Angleterre Thatcher va suivre, puis Reagan aux USA. En Europe, la mise en place de ce capitalisme ultra-libéral (nécessité il faut le dire par la baisse tendancielle du taux de profit, dont le mécanisme a été démontré par Marx lui-même) sera beaucoup plus compliquée et prendra plus de temps.

 

En France, les gouvernements de gauche et de droite vont au niveau national, comme au niveau des nouvelles régions (mise en place par la gauche), participer à cette opération qui a nom : construction de l’Europe du grand capital. Cette Europe du grand capital a été validée via les députés et sénateurs de droite et de gauche contre l’avis du peuple qui lui, avait refusé par voie de référendum en 2005. C’est cette Europe qui ne pourra jamais être sociale, devient l’ennemie de tous les peuples du continent et doit être combattue résolument.

 

Que devenait le compromis historique de 45 dans ces conditions ? En particulier, dès 1968 , n’était il pas visible qu’il fallait en sortir ? Je pense que la compréhension de ce grand mouvement qui a associé la révolte étudiante avec ses valeurs contestatrices, à l’immense mouvement gréviste de masse nécessite de le situer dans le cadre de ce compromis. Tout particulièrement du fait qu’il impliquait que la voie électoraliste restait la voie principale aux yeux du PCF pour changer les choses. Le PCF et la CGT, ont accepté que des élections se déroulent, au mois de juin. Chacun sait ce qu’il en a été : l’arrêt des mobilisations et des grèves – non sans difficultés - une victoire historique de la droite : la chambre la plus à droite de la 5ème République s’est installée à l’Assemblée Nationale.

 

Je pense que nous devons abandonner, aujourd’hui, un certain nombre de mots : traîtres, gauchistes, droitiers, staliniens, trotskistes,  etc qui masquent plus une réalité qu’ils ne l’éclairent. Ils permettent toutes les dérives, et à chacun (groupe ou militant) de se conforter dans des certitudes inébranlables.

 

Les ennemies du peuple sont clairement désignés. Les moyens de la bourgeoisie pour atteindre ses buts parfaitement clairs. Il s’agit de l’ensemble des appareils d’état. La police, la gendarmerie, l’armée, les médias (radio télé journaux), les administrations au service de la politique de la bourgeoisie, mais aussi l’école de la maternelle à l’université qui est chargée de falsifier l’histoire, de formater la jeunesse à devenir de bons travailleurs serviles et acceptant les conditions qu’on leur réserve, depuis le chômage aux petits boulots en passant par la baisse généralisée des salaires et l’aggravation des conditions de travail, mais et en tout premier lieu l’Europe du grand capital, « de la concurrence libre et non faussée ».

 

L’autre grand moyen est le système parlementaire représentatif, c’est-à-dire le détournement du suffrage universel auquel le peuple de France est très attaché, car il a coûté cher en luttes.

 

Mais aujourd’hui, les classes dominantes maîtrisent totalement ce système électif représentatif. Ce qui veut dire qu’il n’y a plus de démocratie. Nous devons penser notre avenir sans tenir compte de ce facteur. Ce qui n’est pas un appel à boycotter, ou s’abstenir : c’est affaire de conjoncture, simplement à réfléchir à notre ligne syndicale totalement en dehors de l’électoralisme. Il nous reste qu’une seule catégorie de moyens pour nous faire entendre : la rue, la grève, la paralysie de la production qui coûte cher aux patrons. Et la vraie démocratie, c’est quand le peuple est en marche.

 

Jacques Lacaze, secrétaire général de l’UL CGT de Liévin (Pas-de-Calais)

Publié dans Lutte des classes

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T
@TriNiTy, ce n'est pas le cas pour celui qui est je crois toujours Secrétaire de l'UL, pour le plus grand plaisir du patronat du secteur.<br /> A titre d'exemple parmi bien d'autres. Dans un bistrot, un chauffeur de PL qui le connaissait lui a demandé pour créer une structure CGT aux transports Simon, grosse entreprise rethéloise. La<br /> réponse de cette grande gueule a été de l'envoyer voire FO, arguant que la CGT n'était pas très implantée dans les transports marchandises.
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T
je connais des militants FO qui valent largement certains militants CGT
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T
@TriNiTy, en 1995,lors des grèves alors que je militais à l'UL de Rethel(08, j'aurais apprécié d'avoir un militant comme toi à mes côtés. Le trésorier de l'UL était plus près de FO que de la CGT.<br /> Le pire, c'est ce réformiste qui m'a succédé comme Secrétaire général de l'UL quand j'ai déménagé.
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T
@XUAN, j'ai avisé Jacques de ton excellent commentaire.
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T
ah zut ! si je n'étais pas sur Lille, j'irais militer à coup sûr à l'UL cgt de Liévin.
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