ELECTIONS LEGISLATIVES EN UKRAINE : PROGRESSION HISTORIQUE DU PARTI COMMUNISTE AVEC 15,04% DES VOIX CONTRE 5,39% EN 2007

Publié le par Tourtaux

cp ukrLe Parti communiste ukrainien (KPU) triple son score aux législatives : avec 14% des voix, il s'impose comme la troisième force du pays



Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Après la Russie et la République tchèque, c'est désormais en Ukraine que les communistes réalisent une progression historique, s'imposant après les élections législatives du 28 octobre comme la troisième force du pays, après le décompte de 85% des bulletins.



Le duel entre les deux partis représentant les deux fractions de la classe dominante ukrainienne a bien eu lieu.



D'un côté, le « Parti des régions » de Viktor Yanukovitch, représentant l'aile pro-russe et une base électorale orientale trans-classiste mais plutôt populaire, sort vainqueur avec 31,9% des voix.



Il devance le « Parti de la Patrie » de Yulia Timoschenko, pro-occidental, dont le programme libéral représente pour l'essentiel les intérêts des couches moyennes occidentales de l'Ouest et des grandes villes. Un bloc occidental qui obtient 24,1% des voix.



La surprise est venue de la troisième force qui arbitrera ce duel. Défiant tous les sondages, le Parti communiste d'Ukraine (KPU) obtient 14% des voix, réalisant son meilleur score depuis plus de dix ans.



Dans un contexte de crise, la personnalisation extrême mais aussi le flou idéologique et le vide programmatique des deux grands blocs a laissé un espace aux communistes. Ils sont apparus à beaucoup comme la seule alternative au consensus libéral dominant et au jeu des grandes puissances dont l'Ukraine est captive.



Le KPU devance ainsi le parti qui était annoncé comme la « troisième force », le parti de droite UDAR, fondé par le boxeur Vitali Klitschko sur une base pro-européenne, libérale-conservatrice, compatible avec le bloc de Timoschenko. Le parti de Klitschko obtient 13,5% des voix.



Les communistes mettent surtout à distance le parti d'extrême-droite fascisant « Svoboda » (Liberté), alors que la complaisance médiatique avec les 'nationalistes' de Svoboda avait conduit à forger l'idée d'un duel entre communistes et néo-fascistes. Svoboda obtient tout de même 9,5% des voix.



Les communistes ukrainiens ont analysé avec beaucoup d'inquiétude cette percée : « C'est un choc. Le néo-fascisme est aux portes de l'Ukraine », a déclaré le député communiste Piotr Tsybenko. Le secrétaire-général du KPU Piotr Simonenko a rappelé que « ce sont de grands groupes qui financent Svoboda. N'oublions pas que c'est en période de crise, avec le soutien du grand capital, qu'Hitler a accédé au pouvoir dans les années 1930 ».



Les communistes triplent leurs scores avec un ancrage à l'Est et une progression à l'Ouest



Le résultat des communistes constitue une percée spectaculaire par rapport aux scrutins précédents. En 2007, les communistes ukrainiens n'avaient obtenu que 5,39% des voix tandis que Piotr Simonenko était tombé 3,5% des voix aux dernières présidentielles de 2010.



Déjouant le discours dominant sur l'inexorable déclin des communistes ukrainiens, le KPU obtient son meilleur score depuis 2002, ralliant sur le programme des communistes plus de 2,5 millions d'électeurs.



L'analyse de la carte électorale du Parti révèle un ancrage du vote communiste traditionnel, celui des ouvriers et des retraités des couches populaires du l'Est du pays : Donetsk (18,8%), Kharkov (20,8%), Zaporozhje (21,1%), Luhansk (24,9%) ; mais aussi du Sud rouge : Odessa (18,1%), la Crimée (19,5%), Kherson (23,1%) le maximum étant atteint à Sebastopol (29,4%).



La faiblesse relative des communistes chez les jeunes, les autres couches salariés et dans l'Ouest du pays est toujours réelle, mais elle est compensée par une nette progression, en particulier dans les régions de l'Ouest et du Centre. Ainsi, le KPU passe à Vinnitsa de 5 à 9%, à Zhitomir de 5,8 à 13,7%, à Poltava de 6,5 à 13,5% ou encore de 3 à 7% à Kiev.



« Les régions occidentales de l'Ukraine sont confrontées à de nouveaux problèmes. Chaque famille a un enfant travaillant à l'étranger, les enfants sont dans la rue au lieu d'aller à l’école, le chômage et les bas salaires touchent tout le monde », explique le secrétaire-général du KPU.



« Les travailleurs n'hésitent plus, même à l'Ouest, à dire qu'il vivait mieux sous le régime soviétique. Quant aux jeunes, ils sont de moins sous l'emprise des dogmes et des mythes nationalistes », ajoute Petro Simonenko.



Le succès du Parti communiste s'explique par la large diffusion et la réception positive du « Programme anti-crise » du KPU, tranchant avec le consensus ultra-libéral dominant la vie politique du pays.



Parmi les propositions mises en avant : le retrait de la réforme des retraites, la nationalisation des grandes entreprises ou encore un plafond pour les prix des services publics de base.



Les communistes dénoncent les fraudes et marquent leur indépendance politique



L'analyse du scrutin réalisée par les directions nationales et locales du KPU ne se limite pas à une auto-congrulation. Au contraire, c'est la colère qui l'emporte devant les fraudes massives auquel le gouvernement a eu recours.



« Il y a toutes les raisons d'affirmer que ces élections législatives n'étaient ni démocratiques, ni justes » et la conséquence « de la fraude et de la manipulation éleccotrale, c'est que le grand capital sera sur-représenté au Parlement », a déclaré après le scrutin le secrétaire-général du Parti.



La liste des cas de fraudes déclarés s'allonge d'heure en heure : achat des votes à Odessa, « tour de manège » (transport des électeurs en car pour voter plusieurs fois) à Zhitomir, pannes inopinées de courant à Donetsk pendant le décompte des voix, caméras de surveillance laissant des angles morts aux dépouilleurs ou encore les « âmes mortes » (le vote de personnes décédées présentes encore sur les listes) à Vinnitsa

 

Le pouvoir a eu recours à toute la panoplie des fraudes et manipulations pour emporter le scrutin. Des pratiques dénoncées haut et fort par le KPU :



« Nous ne pouvons que reconnaître ces violations, et exiger qu'elles soient condamnées (…) Le Parti communiste ne peut pas se taire devant de tels faits », a déclaré le député Sergey Gordenko.



Mais si le KPU a exprimé sa colère vis-à-vis des méthodes du gouvernement, relayé la lassitude du peuple vis-à-vis de tels procédés récurrents depuis une vingtaine d'années, la question des alliances est restée ouverte après le scrutin.



Le KPU a d'ores et déjà exclu l'éventualité d'une alliance avec les partis d' « opposition » de droite : UDAR, bloc Timoschenko, Svoboda : « nous ne conclurons aucune alliance avec l'opposition », a précisé Igor Alexeev, responsable élections du KPU.



Le Parti communiste n'a à l'heure actuelle pas exprimé son souhait de nouer une alliance gouvernementale avec le « Parti des régions » de Janukovitch, il a par contre exprimé son désir de rester une force politique indépendante :



« Nous traiterons chaque projet de loi au cas par cas. Seul le temps nous prouvera quelles sont les dispositions des différentes forces politiques par rapport à la défense des droits et libertés de nos concitoyens. Le Parti communiste agira au Parlement comme une force indépendante. Il n'y a pas d'autre choix », a ainsi clarifié Petro Simonenko.



En tout cas, en Ukraine, comme en République tchèque, en Russie, ou encore en Lettonie et en Moldavie, vingt après la contre-révolution capitaliste en Europe de l'Est, les communistes qui ont fait le choix de le rester n'ont jamais été aussi populaires.

 

 


Mardi 30 octobre 2012

 


 

Législatives en Ukraine : Percée des communistes avec 15,04% des voix

Lundi 29 Octobre 2012
Selon des résultats partiels de la Commission électorale centrale (CEC) le Parti des Régions (PoR) de l'actuel Président Viktor Ianoukovitch remporterait ces élections, loin devant les oranges de Ioulia Timochenko. La grande surprise vient du Parti Communiste d'Ukraine qui obtiendrait plus de 15,04% des voix - traduction Nico Maury
Législatives en Ukraine : Percée des communistes avec 15,04% des voix
Les Ukrainiens étaient appelés à élire 450 députés à la Verkhovna Rada Oukraïny ou Rada . Le taux de participation s'est élevé à près de 58%.

Il seront 5 partis ou coalition a se qualifier à l'issue de ces élections. Le Parti des Régions (PoR) du Président Viktor Ianoukovitch obtient 35,44% des voix, il remporte de loin cette élection face à son rival, L'alliance Batkivchtchina de l'ex-première ministre Ioulia Timochenko (opposition) , qui ne rassemble que 21,65% des voix.

Le grand gagnant de ces élections est le Parti Communiste d'Ukraine qui réalise là une performance électorale majeure. En 2007, lors des dernières législatives, le KPU obtenait 5,39% des voix. Les communistes ukrainiens réalisent une poussée de plus de 9,6 points et se qualifient à la 3ème place en obtenant près de 15,04% des voix (bien au delà des prévisions des sondages qui lui donnaient entre 10 et 12%).

Cette performance, bien qu'elle ne se concrétise pas sur les circonscriptions uninominales gagnées par le Parti des Régions ou les oranges, montre un renouveau du KPU et de son programme électoral (détaillés dans des articles antérieurs sur ce blog). Dans les régions il faut saluer les belles performances du KPU.

Le président de l'Ukraine, Viktor Ianoukovich
Le président de l'Ukraine, Viktor Ianoukovich
Une performance dans les oblasts russophones et industriels de l'est et du sud

En République Autonome de Crimée, le KPU obtient la seconde place avec 19,83% des voix (7.6% en 2007), le Parti des Régions obtient lui 52,12% des voix.
Il se qualifie aussi en seconde place dans l'Oblast industriel de Dnipropetrovsk ou le KPU obtient 19,08% (7,6% en 2007).
Dans l'Oblast de Donetsk le KPU obtient la seconde place avec 18,33% (contre 6,8% en 2007).
Dans l'Oblast de Zaporijia , le KPU est aussi arrivé en seconde place avec 20,46% des voix contre 8,3% en 2007.
Dans l'Oblast de Louhansk, le KPU est encore en seconde position avec 24,14% des voix (8,5% en 2007).
Dans l'Oblast de Mykolaïv , le KPU obtient 18,43% (2nde place) contre 7,2% en 2007.
17,31% dans l'Oblast d'Odessa (6,2 en 2007).
Dans l'Oblast de Kharkov, le KPU obtient 20,55% des voix contre 8,3% en 2007.
Dans l'Oblast de Kherson, le KPU obtient 22,23% des voix contre 9,1% en 2007.

Piotr Simonenko, premier secrétaire du KPU
Piotr Simonenko, premier secrétaire du KPU
Un retard toujours marqué dans les régions ukrainophones de l'ouest et du nord, malgré des progressions importantes.

Il est éliminé dans certains oblast comme dans l'Oblast d'Ivano-Frankivsk , dans l'Oblast de Lviv, dans l'Oblast de Ternopil. Pourtant là ou il était éliminé, le KPU parvient a s'imposer au dessus de la barre des 5%, barre nécessaire pour obtenir une représentation à la RADA. Ainsi le KPU obtient :

La 4ème place dans l'oblast de Vinnytsia avec 9,66% (5% en 2007).
La 5ème place dans l'oblast de Volhynie avec 5,64% (2,7 en 2007).
La 5ème place dans l'oblast de Transcarpathie avec 5,51% (1,8% en 2007).
La 5ème place dans l'Oblast de Rivne avec 6,76% contre 2,4% en 2007.
La 5ème position dans l'Oblast de Khmelnitski avec 8,71% contre 4% en 2007.
La 4ème position dans l'Oblast de Tchernivtsi avec 6,8% (2,3% en 2007).
La 5ème position dans l'Oblast de Tchernihiv avec 9,83% (contre 6,7% en 2007).

Résultats dans les régions du centre

Dans l'Oblast de Kiev, le KPU obtient la 5ème place avec 6,36% (contre 3% en 2007)
Dans l'Oblast de Jytomyr le KPU obtient la 3ème place avec 13,90% (contre 5,8% en 2007)
Dans l'Oblast de Kirovohrad le KPU arrive en 4ème position avec 13,83% des voix (6,4% en 2007)
La 4ème place dans l'Oblast de Poltava avec 13,80% (6,5% en 2007)
Dans l'Oblast de Soumy , les communistes obtiennent 11,85% contre 5,8% en 2007, ils se qualifient pour la 4ème place

Dans les deux villes autonomes du pays, le KPU obtient un très faible résultat à Kiev ou il recueille 1,7%, il perd même des voix car en 2007 il recueillait 4,6%. Par contre dans la ville de Sébastopol il recueille son meilleurs score des élections, il se qualifie en seconde position avec 29,57%, en 2007, il recueillait 10,3% dans la ville ou stationne la flotte russe de la mer noire.

Le parti UDAR ("coup" en ukrainien) dirigé par le boxeur Vitali Klitschko obtient quant à lui 12,87% des voix, tandis que les nationalistes de la formation Svoboda se trouvent en 5ème place avec 8,14% des votes.

Les autres partis ayant pris part aux élections n'ont pas réussi à franchir la barre des 5% des suffrages nécessaires pour être représenté au parlement ukrainien.

Les résultats ne sont pas définitifs, ils seront amenés a varier
Nicolas Maury
http://www.wmaker.net/editoweb/nicolas_maury/Legislatives-en-Ukraine%C2%A0-Percee-des-communistes-avec-1504-des-voix_a5714.html

Publié dans Lutte des classes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
La colère des peuples contre l'austérité croissante qui s'abat sur eux, les conduit tout naturellement à se tourner vers les communistes qui ne mettent pas leur drapeau dans leur poche.
Répondre
B
Partout les communistes relèvent la tête et qui va s'en plaindre, les milliardaires?
Répondre