AMIANTE : LA SOLIDARITE EUROPEENNE S'ORGANISE

Publié le par Tourtaux


FR3 (Nord - Pas-de-Calais)

Amiante : la solidarité européenne s'organise

Par Véronique Arnould
Une rencontre porteuse d'espoir pour les victimes de l'amiante qui reçoivent ce week-end une délégation italienne.

 

Une délégation italienne a participé à l'Assemblée générale de l'ARDEVA ce matin à Dunkerque.

       Une délégation italienne a participé à l'Assemblée générale de l'ARDEVA ce matin à Dunkerque.

Une rencontre porteuse d'espoir pour les victimes de l'amiante qui reçoivent ce week-end une délégation

 

Un moment fort dans l'histoire de l'ARDEVA. Ce matin, l'association régionale des victimes de l'amiante recevait une délégation italienne venue s'exprimer sur leur victoire juridique à Turin. C'était le 13 février dernier, le tribunal italien condamnait deux anciens dirigeants d'Eternit à 16 ans de prison, tous deux considérés comme responsables de la mort de 3000 ouvriers et riverains des usines Eternit. C'est la première fois qu'une condamnation pénale est prononcée. Un moment historique que les italiens veulent partager avec d'autres victimes de l'amiante en Europe. Aujourd'hui, deux représentants étaient à Dunkerque : une solidarité européenne plus que nécessaire pour les associations françaises qui dénoncent les lenteurs de la justice de leur pays. Il y a quelques semaines, le procès d'anciens dirigeants d'Eternit a été stoppé pour des raisons procédurales.

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LA VOIX DU NORD

04.03.2012

valenciennes

Actualité Région

Amiante : « s'il n'y a pas de justice, il n'y a pas de dignité »

« S'il n'y a pas de justice, il n'y a pas de dignité. » Bruno Pesce et Nicola Pondrano tirent cet enseignement du procès de Turin qui, le 13 février (1), a vu la condamnation à seize années de prison ferme de deux anciens responsables d'Eternit en Italie. ...

Hier matin, à Dunkerque, ces porte-parole de la lutte des victimes de l'amiante de Casale-Monferrato, dans le nord de l'Italie, ont tenu une conférence de presse, puis témoigné lors de l'assemblée générale de l'Association régionale de défense des victimes de l'amiante (ARDEVA). Ils ont rappelé la longueur de la lutte (vingt-cinq années) et le nombre de morts (environ 3 000, salariés ou habitants victimes environnementales des fibres cancérogènes).

« Quel contraste ! »

Pour eux, la portée de ce jugement dépasse les frontières : « C'est la victoire de la multinationale des victimes contre la multinationale Eternit. » Ils espèrent même « une harmonisation des systèmes judiciaires de tous les pays par le haut ». L'Italie a montré l'exemple avec ses procureurs pas soumis au pouvoir politique, capables de préserver « l'indépendance de l'enquête ».

De quoi faire des envieux en France où le ministère de la Justice a la haute main sur le parquet. Pierre Pluta, président de l'ARDEVA, s'est exclamé : « Quel contraste quand on compare la situation des deux pays ! En Italie, les empoisonneurs ont été condamnés à dédommager toutes les conséquences de leurs actes criminels. En France, les premières plaintes remontent à 1996 et jamais les procureurs de la République n'ont levé le petit doigt pour engager les poursuites... » Me Michel Ledoux, avocat parisien de l'association, résumait la situation : « Sur le terrain pénal, on est très, très mal barrés. » •

1. Notre édition du 14 février.


LA VOIX DU NORD
04.03.2012

Edition Dunkerque

« Le procès de Turin est la victoire de toutes les victimes de l'amiante »

Bruno Pesce et Nicola Pondrano ont parlé de la lutte victorieuse des victimes contre Eternit en Italie.

LES VISAGES DE L'ACTUALITÉ BRUNO PESCE ET NICOLA

« Eternit : giustizia. » Le drapeau italien barré de ces mots orne la tribune des orateurs lors de l'assemblée générale de l'Association régionale de défense des victimes de l'amiante, hier, dans la salle de la Concorde, à Petite-Synthe. Mais de justice, il en a surtout été question en Italie avec un gigantesque procès pénal gagné contre Eternit. En France, les victimes attendent toujours un traitement analogue...

PAR LAURENT LEYS

« Le procès de Turin est la victoire de toutes les victimes de l'amiante. C'est la victoire de la multinationale des victimes contre la multinationale Eternit », lance Nicola Pondrano à l'assistance composée pour l'essentiel de retraités et de veuves. « Quand je vous vois, j'ai l'impression d'être chez nous, avec nos victimes », poursuit Bruno Pesce, assis à son côté.

Les deux porte-parole de la lutte des victimes de l'amiante de Casale-Monferrato, dans le nord de l'Italie, témoignent des « vingt-cinq ans de lutte » avant le jugement du 13 février 2012. Jugement qui condamne deux anciens dirigeants d'Eternit à seize ans de prison ferme pour avoir provoqué environ 3 000 décès et une catastrophe sanitaire et environnementale permanente. « Un désastre provoqué par tromperie », selon l'expression de Nicola Pondrano.

Pendant la conférence de presse, les deux sexagénaires expliquent : « Après les résultats décevants d'un premier procès, nous avons continué. On n'a pas d'autre choix que de lutter quand on a un mort par semaine. On s'est adressés au procureur en lui soumettant plus de 1 000 cas pour quatre usines d'Eternit. Le 6 avril 2009, le procureur Guariniello a conclu la première partie de l'enquête pour 2 962 personnes de Casale-Monferrato.

« La phase de débats », elle, s'est étalée sur près de trois ans. Bruno Pesce annonce un total de 12 000 personnes présentes au fil des 65 audiences (85 avec les audiences préliminaires) et 1 500 présentes le jour du jugement ! Parmi la foule, on comptait des délégations venues de l'étranger, dont Dunkerque.

« L'annonce du jugement a déclenché une vague d'émotion, avec des larmes », se souvient Bruno Pesce. Comment aurait-il pu en aller autrement ? Outre les salariés, plus de 800 hommes et femmes ont été contaminés par les fibres parce qu'ils habitaient près de l'usine ou parce qu'elles nettoyaient les vêtements de travail des maris.

Les porte-parole rendent hommage à l'action de Guariniello. Pour Bruno Pesce, « le pouvoir politique a engagé une lutte contre les magistrats, mais le procureur a préservé l'indépendance de son enquête ». Un procureur « indépendant », répète-t-il, contrairement à notre pays où les magistrats du parquet dépendent du ministère de la Justice. Nicola Pondrano assure : « En France, il manque une volonté politique de poursuivre ceux qui ont causé la mort. » Alors, pour soutenir leurs « amis français », « témoigner de l'expérience italienne », ils assistent à des réunions. Avant Dunkerque, ils se trouvaient en Isère. Hier après-midi, ils ont rejoint Thiant, près de Valenciennes.-

ILS L'ONT DIT


dimanche 04.03.2012, 05:13- La Voix du Nord

« Nos amis italiens sont des pionniers. Leur procès permet de faire passer un petit message d'espérance. » Jean-Pierre Decool, député apparenté UMP, attaché à la tenue d'un procès pénal de l'amiante en France.

« Le procès de l'amiante, ce n'est pas pour demain. Sur le terrain pénal, on est très, très mal barrés. » Me Michel Ledoux, avocat, critiquant l'absence de volonté politique sur le sujet.

« J'ai demandé à Xavier Bertrand (ministre de la Santé) de dire au FIVA d'arrêter ses conneries. » Christian Hutin, député MRC, président du groupe d'étude « amiante » à l'Assemblée nationale, fustigeant la volonté du Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante de récupérer des sommes versées.

« Il faut que la justice se ressaisisse. » Pierre Pluta, président de l'ARDEVA, au sujet de mises en examen récemment annulées dans le dossier Eternit France et des décisions prises par la cour d'appel de Douai en faveur du FIVA. •

 


L'OBSERVATEUR DU VALENCIENNOIS

02.03.2012


Deux Italiens à Thiant samedi pour raconter leur victoire contre Eternit


Ils pourront peut-être redonner espoir aux victimes de l'amiante de l'arrondissement...


Le 13 février dernier, le tribunal de Turin condamnait à 16 ans de prison deux responsables d'Eternit. Le milliardaire suisse Stephan Schmidheiny, 65 ans, et le baron belge Jean-Louis de Cartier de Marchienne, 90 ans, jugés par contumace, ont été considérés par la justice italienne responsables de la mort de près de 3.000 personnes. Un jugement historique qui intervient après un combat de près de trente ans.


Ce samedi 3 mars, Bruno Pesce et Nicola Pondrano, deux responsables d'associations transalpines de soutien aux victimes de l'amiante, viendront témoigner dans le Nord de ce long combat.


Après un passage à Dunkerque dans la matinée, ils sont attendus à la salle des fête de Thiant à partir de 18h. Un témoignage qui donnera peut-être une lueur d'espoir aux victimes de l'arrondissement, qui ont travaillé durant des années sans protection dans les usines d'Eternit à Thiant et à Prouvy.


Les responsables français "blanchis"


Car en France, la situation est toute autre. Les premières plaintes ont été déposées en 1996 mais, faute de moyens accordés à la justice française, le dossier est enlisé depuis de nombreuses années.


Pire, il semble même reculer. Le 16 décembre dernier, la chambre d'instruction de la cour d'appel de Paris rendait un arrêté annulant la mise en examen de six anciens dirigeants d'Eternit, dont Joseph Cuvelier, qui dirigea le premier groupe d'amiante-ciment de 1971 à 1994. Il avait été mis en examen le 24 novembre 2009 pour "homicides et blessures involontaires"...


"Les victimes de l'amiante et leurs familles sont profondément indignées par cette décision qui, de plus, s'accompagne du dessaisissement de la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geoffroy, en charge du dossier depuis 2005", s'insurge Michel Lefevre, le maire de Douchy-les-Mines, dans une lettre qu'il a envoyée ce mardi 28 février au ministre de la Justice, Michel Mercier. Courrier dans lequel l'édile sollicite l'intervention du Garde des sceaux afin "qu'un procès pénal établisse la responsabilité et les culpabilité de dirigeants, qui, obsédés par des logiques de rentabilité et de profits, ont sciemment mis en danger la vie de plusieurs dizaines de milliers de leurs concitoyens.'


Deux nouveaux juges d’instruction ont été nommés pour travailler sur l'affaire mais "ilsq ne connaissent même pas le dossier, lourd de 44 tomes de papier. C'est dire si l'espoir de voir un jour un procès pénal de l'amiante s'amenuise, surtout quant on voit qu'ici les dirigeants sont blanchis"n, souffle Martine Lecerf, la secrétaire juridique du Caper Thiant. Une décision de justice qui intervient, rappelons-le, quelques semaines après la décision de la cour d'appel de Douai de revoir à la baisse les indemnisations versées aux personnes qui ont été exposées à ce pourvois, suite au pouvoir en cassation du Fiva (le fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante). Résultat : des centaines de victimes se voient obligé'es de rembourser des sommes pourtant perçues par voie de justice et pour certaines, reçues il y a de nombreuses années. '*"On continue de soutenir les gens, très perturbés d'ailleurs, qui reçoivent des lettres d'huissier en vue des prochaines audience's qui se tiendront en mars et en avril", souligne Martine Lecerf... Vous avez dit justice à deux vitesses.

J.D.

 


LE DAUPHINE LIBERE

01/03/2012


Dix années d'existence pour le Caper Nord-Isère, basé à Roussillon


Porte-parole et soutien des victimes de l'amiante

Rien ne laissait supposer il y a dix ans,l que le comité action prévenir et réparer (Caper) de Roussillon s'étendrait bientôt à tout le Nord-Isère.


L'aventure a donc commencé en 2002. Pierre Rinalduzzi était alors un jeune retraité de Rhodia et militant à la section locale CGT retraités.

"Un collègue nous a parlé de problèmes de santé et d'amiante. Je siégeais alors à la Mutuelle de France et c'est vrai que mon attention n'avait jamais été attirée par ce problème", raconte aujourd’hui, celui qui est devenu le président du Caper Nord-Isère. C'est comme ça qu'on a décidé de créer l'association" poursuit Pierre Rinalduzzi.


Tout va alors très vite, grâce au soutien de la mutuelle de France et d'un cabinet d'avocats parisien spécialisé dans les maladies professionnelles qui répond tout de suite présent. Le cabinet Teissonière Topaloff et Lafforgue est toujours aux côtés du Caper Nord-Isère aussi bien en ce qui concerne l'amiante que le Mediator.


Les italiens invités


"De notre côté, on s'est transformé en se jetant à l'eau par le biais de la mutuelle et de l'Andeva (l''association nationale de défense des victimes de l'amiante NDLR) et avec l’aide du service juridique du cabinet d'avocats. Nous avons commencé aussi à prendre des inscriptions. Nous avons également bénéficié de l'aide du Caper Bourgogne qui a été le premier à initier et à remporter des procès devant le tribunal des affaires sociales",
poursuit Pierre Rinalduzzi.

A l'occasion de ses 10 ans, le comité a été reçu mardi soir en mairie de Roussillon avant son assemblé générale qui s'est déroulée hier au Sémaphore. Avec comme invités, les Italiens Nicola Pondrano et Bruno Pesce. Ces Italiens sont à l'initiative du procès contre l'amiante qui s'est déroulé à Turin. Avec 6000 parties civiles, ils ont obtenu le 13 février la condamnation à 16 ans de prison des deux ex-administrateurs de la société Eternit Italie, qui devront aussi verser 4 milliards d'euros aux victimes pour leur responsabilité dans la mort de 3000 personnes.

Le Caper Nord Isère avait alors fait le déplacement pour soutenir les victimes italiennes.


Georges Aubry

 


NORD ECLAIR
02 mars 2012

JUSTICE

Amiante : la cour d'appel de Douai récidive

Après celui d'octobre dernier, la cour d'appel a rendu, hier, un nouvel arrêt qui condamne des malades de l'amiante à rembourser une partie de leurs indemnisations, octroyées il y a quatre ans. Les sommes vont de 5 000 à 11 000 euros.

Pas de surprise hier, mais une colère qui enfle à mesure que la cour d'appel de Douai revient sur le montant des indemnisations qu'elle avait octroyées à des victimes de l'amiante, les condamnant ainsi à rembourser une partie de ces sommes au Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (FIVA).


Pierre Pluta, le président de l'association régionale de défense des victimes, parle d'une décision « tellement invraisemblable » mais à laquelle, hélas, il s'attendait après l'arrêt, identique, rendu le 27 octobre dernier. À mesure qu'il déroule les incroyables lenteurs de la justice française sur ce dossier très lourd, l'émotion le dispute à la colère : « Dans notre association, il y a 500 veuves qui disent qu'elles ne pourront faire leur deuil que quand les responsables seront jugés. » Il ajoute que « sans un vrai procès pénal, sans condamnation, c'est un véritable permis de tuer que l'on délivre ! »

Réticences

Pour Me Romain Bouvier, l'avocat du cabinet Ledoux qui défend une partie des victimes de l'amiante concernées par les demandes de remboursement d'indemnisations (potentiellement, elles sont 341 dans la région), « en rendant une décision de ce type, les magistrats de la cour d'appel de Douai savent très bien qu'ils condamnent les victimes à rembourser une part de leurs indemnisations puisqu'ils diminuent le montant de la rente que la même cour leur avait octroyée il y a quatre ans ».


Pour les neuf victimes concernées par l'arrêt rendu hier, les sommes à rembourser iraient de 5 000 à 11 000 euros. Une fortune pour ces familles ouvrières modestes qui, dans leur immense majorité, n'ont plus cet argent disponible.

Au-delà de ce qui se joue à la cour d'appel de Douai, ce sont globalement les réticences de la justice française à établir des responsabilités pénales dans l'affaire de l'amiante qui sont dénoncées. « Il est grand temps que la justice française se ressaisisse ! » s'enflamme Pierre Pluta.

Il y a effectivement de quoi s'interroger quand on compare la récente condamnation, en Italie, de responsables d'Eternit à seize ans de prison ainsi qu'à des indemnisations de victimes très lourdes et la levée, en France, de mises en examen de plusieurs ex-directeurs d'usine Eternit par la cour d'appel de Paris. Un mois et un gouffre entre les deux décisions.

Le procureur de la République de Turin participait, samedi dernier, à un colloque sur l'amiante à Paris. Pour lui, « la différence entre l'Italie et la France, c'est l'indépendance des procureurs ». Pour mener à bien le très lourd dossier Eternit en Italie, il avait, d'une part, la possibilité de s'autosaisir mais, surtout, il a eu des moyens matériels, des magistrats et des enquêteurs pour faire aboutir ce dossier pénal. En France, la juge Marie-Odile Berthella-Geoffroy qui instruisait l'affaire Eternit depuis sept ans vient d'être dessaisie. Et elle travaillait avec des moyens dérisoires en comparaison de l'énormité du dossier. Cherchez l'erreur.w

FLORENCE TRAULLE


LA DEPECHE.FR
03/03/2012

Gérald Camier

Les victimes de l'amiante condamnées à payer

Neuf victimes de l'amiante ont été condamnées, jeudi, par la cour d'appel de Douai (Nord) à rembourser une partie des indemnités qu'elles avaient perçues au titre de leur maladie. Le scandale de l'amiante refait surface, alors que le PS réclame un moratoire sur les chantiers « à risque ».

Rien n'est gagné d'avance dans le dossier de l'amiante : jeudi, neuf victimes de l'amiante ont été condamnées par la cour d'appel de Douai (Nord) à rembourser une partie de leurs indemnités perçues au titre de leurs maladies. Les montants, qui varient de 5 000 à 11 000 euros, étaient demandés par le Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (FIVA).

Une décision rendue complexe à cause d'un casse-tête juridique concernant la manière dont les victimes perçoivent leurs rentes : l'une, de la branche maladie professionnelle de la Sécurité sociale, varie selon la valeur du point et le taux d'incapacité (de 5 % pour des plaques pleurales, qui sont les atteintes les plus fréquentes, à 100 % pour un cancer) ; l'autre, versée par le FIVA, est calculée selon la gravité de la maladie et l'âge de la personne. Évidemment, ça change tout car à un taux de 100 %, la rente annuelle est de 16 000 euros, à 5 %, elle n'est que de 400 euros.

« Sommes-nous des demi-malades pour nous voir appliquer un barème qui nous donne une demi-indemnisation ? », s'insurge Pierre Pluta, président de l'Association régionale de défense des victimes de l'amiante du Nord-Pas-de-Calais. L'affaire éclate alors que le Parti socialiste a demandé hier en vain au gouvernement un moratoire sur les chantiers « à risque ». En attendant de renforcer la protection des travailleurs contre l'amiante, dont le nombre de victimes risque encore d'exploser dans les années à venir.

Pourtant, le scandale sanitaire ne date pas d'hier. Il est presque centenaire : Denis Auribault, un inspecteur départemental du travail à Caen, publie un premier rapport en 1906 dénonçant la « forte mortalité des ouvriers dans les filatures et dans les usines de tissage d'amiante ». La prise de conscience en France de ce que l'exposition à l'amiante comporte un danger pour la santé des individus - en majorité le monde ouvrier - date des années soixante-dix. En 1996, l'Inserm révèle l'ampleur de la catastrophe sanitaire à venir, estimant qu'elle pourrait faire 100 000 morts en France d'ici à 2025. Un rapport parlementaire évoque 35 000 décès survenus entre 1965 et 1995.

Pour les victimes, la bataille se joue dans les tribunaux, que ce soit pour faire reconnaître leur maladie ou pour être indemnisé. En dépit des réfractaires au désamiantage, à l'image de l'économiste en santé publique Jean de Kervasdoué ou de l'ex-ministre Claude Allègre, prompt à dénoncer un « phénomène de psychose collective ».

Jean-Marie Birbès, ancien d'Eternit à Albi : « C'est une décision terrible pour ces victimes »

32 ans chez Eternit, dont 22 ans dans l'amiante… Ancien ouvrier qualifié, Jean-Marie Birbès, est le président de l'association des victimes de l'amiante dans le Tarn. Face aux procédures complexes qu'a entraînées ce fléau national, l'homme est devenu un expert des jugements judiciares. « Cela fait seize ans qu'on lutte et qu'on essaie de faire reconnaître les droits des victimes », explique-t-il. « Nous nous sommes aguerris, mais devant les tribunaux, c'est toujours le parcours du combattant ».

Si la décision de justice de la cour d'appel de Douai ne le surprend pas, il la trouve particulièrement dure. « Les gens sont déjà atteints dans leur chair, avec cette maladie », poursuit-il. « Et là, on rajoute dessus une décision de justice qui n'est pas normale… C'est encore plus terrible pour eux ». D'autant que dans la majorité des cas, l'amiante touche « des ouvriers et des salariés qui ont des petits salaires, et à qui on demande de rembourser des sommes assez importantes ». Jean-Marie Birbès reste attentif sur toutes ces procédures, mais aussi sur les nouveaux malades.

Le chiffre : 1 00 000 morts

D'ici 2025. C'est le chiffre inquiétant avancé par l'Inserm. Peut-être beaucoup plus, l'amiante a tué, tue, et tuera encore. Comment éviter cette hécatombe ?

« Ce sont des gens empoisonnés à qui on met une double peine. Il y a de l'indignation, des pleurs et des cris. Qu'on fiche la paix aux victimes »

Lætitia Pluta, Association de défense des victimes


LE PARISIEN.FR

02/03/2012


Clermont Ferrand

Amiante dans une entreprise auvergnate: des salariés envisagent une plainte


Une dizaine de salariés d'une entreprise en liquidation judiciaire, CEBM, à Messeix (Puy-de-Dôme), se retournent contre leur direction de l'époque car, affirment-ils, ils ont été exposés à des poussières d'amiante, a indiqué vendredi un employé.

Cette petite entreprise de production de palettes fabriquait précédemment des tubes d'amiante depuis 1973. La dizaine de salariés de l'entreprise se plaint aujourd'hui de l'atmosphère confinée vraisemblablement polluée par l'amiante dans laquelle ils travaillaient et envisagent de déposer une plainte.

"On voyait de la poussière d'amiante partout. On travaillait dans cette atmosphère confinée. On compte porter plainte. Nous demandons des analyses médicales et une inspection du travail", a expliqué à l'AFP Franck Géry, employé pendant 22 ans dans cette entreprise.

L'avocat des salariés, Me Jean-Louis Borie, a envoyé une lettre au procureur de la République pour l'informer de cette situation et lui demander de prendre des mesures pour que les preuves ne disparaissent pas.

"Les locaux n'auraient pas été désamiantés avant de démarrer en 1991 une nouvelle activité de production de palettes", a précisé M. Géry. Les salariés, une centaine au total sur une vingtaine d'années, auraient de ce fait été en contact avec de la poussière d'amiante et des déchets amiantés laissés sur place "dans des volumes condidérables", a-t-il ajouté.

Les employés de CEBM sont également assistés dans leur démarche par le Comité amiante prévenir et réparer (Caper 63).

Vendredi matin, la direction de l'entreprise n'avait pu être contactée.



LE NOUVEL OBSERVATEUR.COM

02-03-2012


Amiante: le PS demande un moratoire sur les chantiers, le gouvernement refuse

Le Parti socialiste a demandé au gouvernement, qui l'a refusé, un moratoire sur les chantiers "à risque" en attendant de renforcer la protection des travailleurs contre l'amiante, comme le préconise un rapport issu d'une nouvelle méthode de mesure des fibres d'amiante.

Cette requête, formulée par le député PS Alain Vidalies, intervient à la suite d'un rapport remis en septembre au gouvernement par l'Institut de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS).

A la demande du ministère du Travail, l'INRS a en effet mené une campagne de prélèvement de fibres d'amiante via la méthode Meta (mesure des fibres d'amiante par microscopie électronique à transmission analytique) qui permet de voir les fibres les plus fines.

Les conclusions de cette campagne "sont proprement édifiantes: l'utilisation de cette technique plus performante (...) a révélé l'existence d'un danger dont on n'avait pas connaissance jusqu'à présent", a expliqué le député des Landes, lors d'une question orale et sans débat posée au gouvernement mardi à l'Assemblée nationale.

A la suite du rapport de l'INRS, le gouvernement avait assuré en novembre qu'il modifierait la réglementation au 1er semestre 2012, puis prendrait des mesures "en plusieurs étapes".

Il prévoit notamment de diviser par 10 le seuil limite d'exposition professionnelle "à une échéance de trois ans". Le VLEP (seuil de concentration dans l'air en dessous duquel le risque pour la santé est considéré comme négligeable) passerait ainsi de 100 fibres par litre à 10 fibres par litre.

Mais, pour Alain Vidalies, "compte tenu de la gravité exceptionnelle des risques" auxquels pourraient être exposés des "dizaines de milliers de salariés", il faut immédiatement "un moratoire" sur les chantiers, puis ensuite "suivre les recommandations de l'INRS" qui conseille notamment "des équipements de protection individuelle plus performants".

"Le gouvernement dit qu'il y aura un décret en juillet, mais en réalité, les modifications interviendront à échéance trois ans et il n'est pas possible d'envisager de laisser les travailleurs exposés ainsi jusqu'en 2015", a expliqué à l'AFP M. Vidalies, par ailleurs responsable des questions d'emploi dans l'équipe de François Hollande.

Mais pour le ministère du Travail, interrogé par l'AFP, "il n'y a pas de nécessité d'un moratoire" puisque, en attendant la nouvelle réglementation, "les inspecteurs du travail disposent de moyens de contrôles qui vont jusqu'à l'arrêt de chantier".

"En divisant par dix la VLEP et en généralisant la méthode" Meta, "nous aurons le plus haut niveau de protection au plan mondial", rappelle le ministère dans une réponse par courriel.

Pour M. Vidalies, "le gouvernement ne peut pas se défausser sur les inspecteurs du travail".


LA PRESSE CANADIENNE

03 mars 2012


Amiante: les victimes se sont organisées en France

 

Charles Côté


La Presse

Marc Hindry est professeur de mathématiques. Mais dans ses exercices avec ses étudiants, il parle parfois d'amiante et de mésothéliome, le terrible cancer qui a tué certains de ses collègues du campus Jussieu de l'Université de Paris-VI. M. Hindry est l'un des fondateurs de l'ANDEVA, l'Association nationale de défense des victimes d'amiante en France. Son but: promouvoir l'entraide et la solidarité entre les victimes de l'amiante, les regrouper pour défendre leurs intérêts. La Presse l'a interviewé récemment lors de son passage au Canada.


Q: Pourquoi vous êtes-vous intéressé à l'amiante?


R: Je travaillais dans un bâtiment entièrement floqué à l'amiante. En 1994, il y a eu des cas reconnus en maladie professionnelle, dont des mésothéliomes. Depuis, on a découvert beaucoup d'autres cas. Il y a deux physiciens qui travaillaient dans les laboratoires qui sont décédés du mésothéliome, ça a créé un choc. À Jussieu, il y a avait des mesures d'amiante dans l'air qui ne donnaient pas grand-chose. On essayait de nous rassurer. Mais on a demandé de faire des mesures quand il y avait des travaux, et ça montait à 18 000 fibres par litre alors que la norme est de 10 fibres par litre. Chaque fois qu'un ouvrier touche à l'amiante, il y a un relâchement.


Q: Comment a évolué le dossier de l'amiante en France depuis votre implication?


R: On a interdit l'amiante en France en 1997, mais on en a encore 3 millions de tonnes dans les bâtiments. Encore au début des années 90, on importait 35 000 tonnes d'amiante par année, surtout pour les cimenteries Saint-Gobain et Eternit. L'interdiction de l'amiante a été retardée pendant 15 ans par le discours rassurant provenant entre autres du Comité permanent amiante, créé en France en 1982, et de l'Institut du chrysotile, créé au Québec en 1984.


Q: Comment sont traitées les victimes de l'amiante en France?


R: Du point de vue des tribunaux civils, le système est excellent: toutes les victimes sont indemnisées. Du point de vue de la justice pénale, l'ANDEVA a porté plainte en 1996 contre les industriels, les médecins et les autorités. C'est une enquête compliquée et la justice a fonctionné très lentement. On a eu quatre juges différents. La juge actuelle, ça l'intéresse beaucoup. Elle a ordonné des mises en examen.



LA PRESSE CANADIENNE

03 mars 2012


Amiante dans les écoles: la fille d'une victime réclame un meilleur dépistage


Charles Côté

La Presse


C'est en lisant La Presse cette semaine que Sophie St-Amour a compris ce qui a peut-être tué sa mère, Nicole Patoine, emportée par un mésothéliome il y a huit ans.


Le mésothéliome est un cancer incurable qui attaque la plèvre, l'enveloppe des poumons, et parfois le péritoine, qui enveloppe des viscères. On ne lui connaît qu'une seule cause prouvée: l'exposition à l'amiante.


«Vers octobre-novembre 2003, elle commençait à aller mal, elle avait de la misère à respirer, elle disait que ça grichait dans ses poumons», relate Mme Saint-Amour.


«Après Noël, elle est entrée à l'hôpital. Elle a eu son diagnostic: cancer de la plèvre. Personne ne connaissait cette maladie. Mon frère a fait des recherches. Il a vu que le pronostic n'était pas bon. Et on lisait que ce sont des gens de la construction et les gens qui travaillent dans les mines d'amiante qui attrapaient ça. On ne comprenait vraiment pas.»


Elle dit que sa mère ne s'est pas interrogée sur les causes de sa maladie.


«Avec ma mère, on n'en a pas vraiment parlé. Le cancer était comme un tabou. Elle avait eu des décès dans sa famille, sa soeur était morte du cancer.»


La maladie a été foudroyante. Mme Patoine est morte le 29 février 2004. Elle avait 61 ans. «Ma mère a travaillé comme une folle toute sa vie, dit Mme St-Amour. Elle allait prendre sa retraite dans un proche avenir et profiter de la vie. Mais cela ne s'est jamais produit.»


Mme St-Amour dit qu'il n'y a eu aucun suivi de la part de la Santé publique au sujet de la maladie de Mme Patoine.


Pourtant, le mésothéliome est une maladie à déclaration obligatoire depuis novembre 2003.


Menacée sans le savoir


Huit ans plus tard, Mme St-Amour réalise que sa mère a peut-être été exposée à l'amiante à son travail.


«Ma mère a passé sa vie dans les écoles, dit-elle. Elle était professeure au primaire depuis qu'elle avait 18 ans, surtout dans la région de Montréal. Elle a travaillé entre autres dans la région de Mirabel et à l'école Vanguard, à Saint-Laurent.»


Cette semaine, La Presse a publié un dossier sur l'amiante dans les bâtiments publics, qui faisait état entre autres du décès d'une employée de cafétéria dans une polyvalente de l'Outaouais, Diane Turcotte, atteinte du mésothéliome.


En décembre, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) a jugé que la maladie de Mme Turcotte était reliée à son milieu de travail. Il y avait de l'amiante dans les plafonds de son école.


Mme Saint-Amour «regrette presque aujourd'hui» de n'avoir fait aucune démarche auprès de la CSST. «Avec les difficultés que nous aurions eues à prouver que cette maladie venait de son lieu de travail, nous n'avons entrepris aucune poursuite», dit-elle.


L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) estime que les maladies reliées à l'amiante ne sont pas déclarées aussi souvent qu'elles le pourraient à la CSST. Dans certains pays, comme l'Australie et la France, 60% des personnes atteintes d'un mésothéliome reçoivent une indemnisation de la part de l'assurance travail. Au Québec, c'est environ 20%. Alors qu'on «attribue 70% à 90% des cas à des expositions professionnelles, directes ou indirectes, à l'amiante», affirme l'INSPQ dans un rapport publié en 2007.


L'organisme avance différentes hypothèses pour expliquer cette situation, dont celle-ci: «Le patient peut ignorer qu'il a été exposé antérieurement à l'amiante dans le cadre de son travail et donc s'abstenir de faire une réclamation.»


Selon Mme Saint-Amour, cela doit changer. «Il faut répertorier les cas de mésothéliome dans les écoles, dit-elle. Ce n'est pas pour nous qu'on parle, mais c'est pour tous les cas qui s'en viennent.»


Un combat vain pour «garde Richard»


Maria-Anne Alepin a accompagné sa mère atteinte du mésothéliome et qui est décédée en 2000. Carmen Alepin était infirmière. Ses patients la connaissaient sous son nom de fille et l'appelaient «garde Richard». «Je me suis occupée d'elle moi-même, je lui faisais des injections, dit-elle. J'avais la jeune vingtaine, j'étais seule face à la mort avec quelqu'un qui s'était occupée des autres toute sa vie. Les médecins disaient qu'elle avait été exposée à l'amiante. Elle avait fait des recherches au sujet de tous les hôpitaux où elle avait travaillé. Après son décès, on avait continué de travailler pour avoir une indemnité, mais on n'a jamais rien eu de la CSST. Elle a été infirmière toute sa vie et elle n'a pas attrapé ça à la campagne. On aurait aimé pouvoir se battre jusqu'au bout, mais on n'avait pas les moyens.» En mémoire de Carmen Alepin-Richard, sa nièce a créé à Gatineau le Centre Carmen, qui aide les familles frappées par le cancer. Mme Alepin souhaite la création d'une association de victimes de l'amiante au Québec. «Une association pourrait aider psychologiquement les victimes et prendre la relève quand elles meurent», dit-elle.


832 Nombre de Québécois (655 hommes et 177 femmes) qui ont reçu un premier diagnostic de mésothéliome de la plèvre entre 1982 et 1996.


5,5% taux de croissance annuel moyen de l'incidence du mésothéliome chez les Québécois entre 1982 et 1996.


Source: INSPQ, 2007


APPEL À TOUS: Vous ou un de vos proches avez été atteint d'une maladie causée par l'amiante? Écrivez-nous à redaction@lapresse.ca



LA PRESSE CANADIENNE

2 mars 2012


Déni mortel


François Cardinal

La Presse


Ignorant les recommandations de ses propres scientifiques, le Québec continue de faire la promotion d'une substance toxique qui sème la mort.


Fort de sa Politique d'utilisation accrue et sécuritaire de l'amiante chrysotile, en vigueur depuis juin 2002, le gouvernement continue en effet de défendre l'amiante, sa production, son exportation et son utilisation.


Et ce, même si l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a rappelé le caractère cancérogène de ce produit, même si elle a prouvé que son «utilisation sécuritaire» n'était qu'une vue de l'esprit, même si elle a expressément demandé à Québec d'abandonner cette politique qui n'a, à ses yeux, plus aucune légitimité.


Le déni a assez duré. Déni des dangers de la commercialisation de cette substance, mais aussi déni de l'ampleur des mesures à prendre pour réduire les risques qu'elle pose actuellement.

Le scandale, en effet, est double. En plus de refuser de mettre fin à l'utilisation de cette fibre nocive, le Québec refuse de s'occuper avec sérieux de sa présence dans de nombreux bâtiments publics.


La Presse révélait en effet, cette semaine, que les promesses sanitaires de la politique de 2002 n'ont pas, en grande partie, été honorées. Il n'y a toujours pas de règlement sur l'identification et la traçabilité de l'amiante dans les édifices, toujours pas de système de surveillance de l'exposition à l'amiante, toujours pas de suivi du respect des obligations faites aux propriétaires de bâtiment contenant de l'amiante.


Dix ans après l'adoption de la politique en vigueur, il est temps que le gouvernement s'attaque à ce double problème. Et il ne peut se contenter de dévoiler une liste de bâtiments ou de tenir une commission parlementaire, comme le demande timidement le PQ.


Plutôt, il doit élaborer une «Politique de retrait accéléré et sécuritaire de l'amiante»...


Il doit ainsi retirer son soutien à la relance de la mine Jeffrey, ce qui mettrait fin de facto à la production d'amiante au Québec. Il doit mettre sur pied un programme de transition pour les travailleurs de l'industrie. Puis il doit interdire l'exportation, une fois pour toutes, comme l'ont fait de nombreux pays.


Il doit également s'occuper de l'amiante déjà utilisée en dévoilant la liste de tous les bâtiments touchés, en mettant sur pied un registre permanent de la présence et de l'exposition des travailleurs, puis en élaborant un programme d'inspection et de suivi sanitaire systématique.


Il est tout simplement scandaleux qu'il n'y ait pas de démarche préventive systématique visant la gestion de l'amiante dans tous les bâtiments publics qui en contiennent. Scandaleux que l'exposition à l'amiante soit encore mal contrôlée dans plusieurs milieux de travail. Scandaleux que le Québec refuse depuis des années de réviser sa norme d'exposition à l'amiante, la plus laxiste en Occident!


Le déni de la réalité doit cesser. Québec doit mettre autant sinon plus d'énergie à bannir l'amiante qu'il en a mis, jusqu'ici, à faire sa promotion.



LA PRESSE CANADIENNE
3 mars 2012
Le secret a assez duré


Pierre Asselin
Le Soleil

(Québec) Il aura fallu mettre la pression pour que le gouvernement accepte de divulguer, d'ici la fin de l'année, une liste des immeubles publics et parapublics qui contiennent de l'amiante. Mais ça ne sera pas suffisant.


S'il faut croire la ministre du Travail, Lise Thériault, Québec fait figure de précurseur en matière d'utilisation d'amiante. C'est ce qu'elle a répondu à l'Assemblée nationale, à une question de l'opposition qui voulait connaître le bilan de la Politique d'utilisation accrue et sécuritaire du chrysotile adoptée en 2002 par un gouvernement péquiste.

Le Québec est peut-être précurseur en utilisation de l'amiante, mais certainement pas en matière de transparence. La politique sur l'amiante prévoit divers mécanismes de reddition de comptes, mais uniquement au bénéfice du Conseil des ministres. Les citoyens, eux, doivent apparemment se satisfaire d'un acte de foi envers leurs élus.

On avait aussi évoqué la mise sur pied d'une réglementation sur la traçabilité des produits qui contiennent de l'amiante chrysotile, mais 10 ans après l'adoption de la politique, cette réglementation n'a toujours pas vu le jour.

Il n'y a vraiment pas de quoi pavoiser quand on sait que de l'autre côté de l'Outaouais, une réglementation - en vigueur depuis 2005 - oblige tout propriétaire d'édifice (public ou privé) à déterminer si des produits d'amiante se trouvent dans sa propriété. Si c'est le cas, il a l'obligation d'en aviser - par écrit - tous les utilisateurs. Cela s'applique autant pour les écoles que pour les immeubles de logements.

Le Parti québécois s'est inspiré de la réglementation ontarienne pour demander, cette semaine, de mettre en place des mesures similaires ici. Il est plus que temps. Les Québécois ont le droit de jouir de la même protection que les citoyens d'autres provinces ou d'autres pays.

Le secret alimente la peur. Le gouvernement aurait déjà dû mettre en place les mesures qui permettront aux citoyens de s'informer par eux-mêmes. Compte tenu des dangers que représente l'amiante, mieux les gens seront informés, moins ils auront de raisons de s'inquiéter. Le problème, c'est qu'en l'absence d'un règlement obligeant les propriétaires d'édifices à divulguer aux occupants la présence ou non d'amiante, on va chercher à trouver cette information auprès d'autres sources.

Ainsi, deux institutions ont été entraînées malgré elles dans la controverse cette semaine. Il faut rappeler ici que ce n'est pas le rôle de l'Institut national de santé publique de faire un inventaire des édifices où se trouve de l'amiante. Le travail de l'Institut est avant tout de renseigner le gouvernement sur l'état des connaissances scientifiques. On ne peut pas non plus forcer l'Université de Montréal à dévoiler le nom d'institutions qui ont accepté de collaborer à une recherche dont l'objet n'était pas de faire cet inventaire.

Mais, dans les conditions actuelles, on peut difficilement reprocher à des groupes comme la Société pour vaincre la pollution de tenter d'obtenir ces informations par les seuls moyens à leur disposition. Québec doit corriger cette lacune par une réglementation adéquate.

Avec les bonnes données, les Québécois seront en mesure non seulement de savoir s'il se trouve de l'amiante dans leur environnement, mais ils sauront aussi si les produits en question constituent un danger pour leur santé ou pas.



LA NOUVELLE UNION (Canada)

2 Mars 2012


Mine d'amiante Jeffrey : le projet de Balcorp serait dans un cul-de-sac financier


Le groupe d'investisseurs qui veut relancer la mine d'amiante Jeffrey éprouverait des difficultés à obtenir le soutien d'institutions financières, malgré une garantie de prêt consentie par le gouvernement du Québec, a appris Québec solidaire. Amir Khadir, député solidaire de Mercier, craint que le gouvernement n'envisage maintenant un soutien plus direct à la relance.


Selon des renseignements transmis au bureau de M. Khadir, Balcorp n'arriverait pas à convaincre les institutions financières de lui accorder le prêt nécessaire à son projet. Balcorp aurait notamment essuyé un refus du Mouvement Desjardins.


«Ces renseignements, de source crédible, expliquent probablement pourquoi l'entente entre Balcorp et le gouvernement n'est toujours pas concrétisée presque deux ans après l'annonce du projet, analyse l'élu solidaire. Déjà, le gouvernement a reporté l'échéance accordée au groupe à plusieurs reprises et rien n'aboutit. Clairement, quelque chose cloche avec ce projet. Il ne tient pas la route.»


M. Khadir estime que le ministre du Développement économique, Clément Gignac, doit se rendre à l'évidence et retirer la garantie de prêt. «Si l'argument moral n'a pas réussi à le convaincre, peut-être sera-t-il plus sensible à l'argument financier», souligne le député.


Le projet controversé de Balcorp


Balcorp souhaite relancer la mine d'amiante Jeffrey à Asbestos dans le but d'exporter sa production vers des pays en développement. Le gouvernement du Québec appuie le projet et a promis une garantie de prêt de 58 millions $. Balcorp doit investir 25 millions $ pour obtenir la garantie.


Le projet est hautement controversé en raison des effets cancérigènes de l'amiante chrysotile. L'exposition aux fibres d'amiante cause le mésothéliome, un cancer qui attaque les poumons. Les victimes de ce cancer survivent en moyenne de 8 à 15 mois après le diagnostic.


Le Dr. Khadir et de nombreux intervenants du milieu de la santé estiment qu'en appuyant le projet de Balcorp, le gouvernement cautionne l'exportation vers des pays pauvres de l'épidémie de maladies reliées à l'amiante que le Québec a connu dans le passé.

Un mensonge qui se veut rassurant


Pour répondre aux critiques, le gouvernement a demandé à Balcorp d'assurer que ses acheteurs indiens utilisent l'amiante de façon sécuritaire. Le ministre Gignac évoque le scénario d'une inspection annuelle des usines indiennes.


«Cette idée que le gouvernement québécois puisse assurer l'utilisation sécuritaire de l'amiante en Inde est risible, lance M. Khadir. Ça fait bientôt 10 ans que le Québec a adopté sa «Politique d'utilisation accrue et sécuritaire de l'amiante». D'importantes mesures de santé publique qui y sont prévues ne sont toujours pas implantées. Notre gouvernement cache encore les informations sur la présence d'amiante dans les édifices publics. Alors, faire croire que l'on va protéger à distance 1,3 milliard d'Indiens est trompeur.»


Le député solidaire enjoint le gouvernement québécois d'investir pour assurer la diversification de l'économie d'Asbestos pour sortir les travailleurs et la communauté de la dépendance à l'industrie de l'amiante.


Chronologie du projet

*Août 2010 - Balcorp manifeste son intérêt à reprendre la mine Jeffrey.

*Février 2011 - Le gouvernement met une condition à une éventuelle garantie de prêt : une inspection des usines indiennes afin de s'assurer que ses acheteurs indiens se servent bien de l'amiante de façon sécuritaire.

*13 avril 2011 - Le gouvernement s'engage à garantir un prêt de 58 millions $ à Balcorp si cette dernière trouve 25 millions à investir dans le projet. Balcorp a jusqu'au 1er juillet pour compléter son montage financier.

*1er juillet 2011 - Balcorp n'a toujours pas réuni les 25 M $. Le gouvernement repousse la date limite au 15 août.

*15 août 2011 - Balcorp n'a toujours pas réuni les 25 M $. Le gouvernement repousse de nouveau la date limite, cette fois jusqu'au 1er octobre.

*1er octobre 2011 - Balcorp prétend avoir réuni 25 M $ à l'aide de partenaires étrangers dans trois pays et présente son montage financier au gouvernement, sans que l'entente finale ne soit signée. Le gouvernement affirme vouloir procéder aux vérifications d'usage.

1er mars 2011 - Encore aucun accord n'est finalisé.

 

Source : Danielle GAUTIER

Publié dans Lutte des classes

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T
Voilà un document qui va sans doute interresser Jacques.<br /> Sans vouloir donner dans le pessimisme, je crains que le capitalisme nous pourrisse encore longtemps la vie. Ce qui me désole, c'est la résignation qui s'empare des consciences à un point tel que<br /> les gens, y compris parmi ceux qui furent ou qui sont des militants, se laissent gagner par ce danger.
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P
le capitalisme pourrit nos vies<br /> <br /> on perd sa vie à la "gagner"<br /> <br /> la lutte de classes est prégnante, cet article est la démonstration qu'elle est internationale<br /> <br /> Quand le capitalisme est remis en cause dans un pays, il en ravage un autre<br /> <br /> Solidarité internationale !
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