LA SOCIETE EST DESORMAIS TROP RICHE POUR LE CAPITALISME.

Publié le par Tourtaux

 

Transmis par Michel Peyret

 

La société est désormais trop riche pour le capitalisme. 

« Après la crise de 2008, dit Gérard Briche, l’effondrement catastro­phique du système capitaliste mondial n’a pu être empêché que par une intervention massive des États et des banques centrales, comme jamais l’histoire n’en avait connue. Si l’on doit à présent subir les conséquences de cette crise, sous la forme de l’endettement public et des « politiques d’austérité » imposées à la société, ce n’est pas parce que que nous aurions vécu « au dessus de nos moyens » et qu’il conviendrait de se « serrer la ceinture ». Bien au contraire, affirment Lohoff et Trenkle, la société vit largement au-dessous des possibilités créées par les nouvelles potentialités de la productivité ; seulement, ces potentialités se transforment toujours davantage en forces toujours plus destructrices au sein du système capitaliste. La société, telle est la thèse conclusive du livre, est désormais trop riche pour le capitalisme. » 

Cela peut avoir des aspects quelque peu provocateurs, mais, puisqu'il s'agit d'une thèse, et sur un thème intéressant, nous pouvons avoir la curiosité d'en prendre connaissance. 

Michel Peyret 

Dimanche 13 avril 2014

Mai 2014 : Parution de « La Grande dévalorisation » d'Ernst Lohoff et Norbert Trenkle (Krisis). Pourquoi la spéculation et la dette de l'Etat ne sont pas les causes de la crise

  

                                                                                                                                                            

Ernst Lohoff et Norbert Trenkle (Krisis)

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LA GRANDE DÉVALORISATION

Pourquoi la spéculation et la dette de l’État ne sont pas les causes de la crise

Essai traduit de l’allemand par Gérard Briche  

En librairie le 22 mai 2014

320 pages - 23,00 €
Post-éditions

 « Un mouvement émancipateur contre “l’austérité” et la gestion répressive de la crise devrait viser à rompre, consciemment, le lien contraint entre la production de richesses sensibles et la production de valeur. Il s’agit de refuser de manière offensive la question de la “viabilité financière”. »

Qui porte la responsabilité de la crise financière et économique qui maintient le monde entier en haleine depuis 2008 ? Sont-ce les « banquiers cupides » ou les « États accro à l’endettement » ? D’après Ernst Lohoff et Norbert Trenkle du groupe allemand « Krisis », aucune de ces réponses n’est satisfaisante. La cause de la crise est en effet selon eux bien plus profonde. Ils analysent l’énorme gonflement des marchés financiers au cours des trois dernières décennies comme une conséquence de la crise structurelle fondamentale du mode de production capitaliste, dont l’origine remonte aux années 1970. La troisième révolution industrielle qui se met en place alors entraine une éviction accélérée de la force de travail hors de la production, sapant ainsi les bases de toute valorisation du capital au sein de « l’économie réelle ». La crise structurelle de la valorisation du capital n’a pu jusqu’ici être ajournée qu’en ayant massivement recours à l’anticipation, le pari sur la valeur future prenant la forme du crédit et de la spéculation. Aujourd’hui, l’accumulation de « capital fictif » trouve ses limites, car les anciennes créances accumulées ne peuvent plus être « honorées ».

 Le concept de « capital fictif » – telle est la thèse des deux auteurs – est fondamentale pour comprendre le processus de crise actuel. Après un bref rappel historique sur l’évolution de l’économie dans la seconde moitié du vingtième siècle, Ernst Lohoff et Norbert Trenkle exposent dans la deuxième partie de l’ouvrage les bases théoriques pour la compréhension de cette sorte de capital (qu’ils proposent de nommer « marchandises de type 2 ») et de son rôle dans le procès d’accumulation capitaliste. La troisième partie analyse l’évolution de la fonction du capital fictif dans le développement du mode de production capitaliste. Si son rôle demeurait encore subordonné à l’économie dite réelle lors de la révolution industrielle, il prend une importance accrue à l’époque du fordisme, comme initiateur et point de départ de l’accumulation. Mais tandis que cette anticipation pouvait encore être honorée par une production de valeur réelle (matérielle-sensible), cela n’est plus le cas aujourd’hui, à l’âge de la troisième révolution industrielle. Le capital fictif s’est transformé à son tour lui-même en moteur de l’accumulation, ce qui ne peut fonctionner qu’à travers une anticipation toujours plus importante sur l’avenir.

Après la crise de 2008, l’effondrement catastro­phique du système capitaliste mondial n’a pu être empêché que par une intervention massive des États et des banques centrales, comme jamais l’histoire n’en avait connue. Si l’on doit à présent subir les conséquences de cette crise, sous la forme de l’endettement public et des « politiques d’austérité » imposées à la société, ce n’est pas parce que que nous aurions vécu « au dessus de nos moyens » et qu’il conviendrait de se « serrer la ceinture ». Bien au contraire, affirment Lohoff et Trenkle, la société vit largement au-dessous des possibilités créées par les nouvelles potentialités de la productivité ; seulement, ces potentialités se transforment toujours davantage en forces toujours plus destructrices au sein du système capitaliste. La société, telle est la thèse conclusive du livre, est désormais trop riche pour le capitalisme.

L’analyse originale de la crise développée ici se fonde sur une lecture de la théorie marxienne qui s’oppose en de nombreux points au marxisme traditionnel et à l’actuelle « renaissance de Marx ». Ici, Marx est moins le théoricien de la lutte des classes que celui qui développa la critique radicale d’une société fondée sur la production de marchandises et qui se heurte à ses propres contradictions internes. Les auteurs renouent avec cette pensée, la développent, et l’étayent de façon détaillée et documentée. Il en résulte une analyse de la crise qui s’oppose à tout ce qui s’échange actuellement sur le marché des idées.

 Les auteurs :

Ernst Lohoff (1960), est le co-fondateur de la revue Krisis-Beiträge zur Kritik der Warengesellschaft [« Krisis-Contribution à la critique de la société de production de marchandises »], à laquelle il contribue depuis en tant qu’auteur et membre du comité de rédaction. Après des études de sociologie, il travaille comme auteur indépendant à Nuremberg et a fait paraître de nombreux essais théoriques : Der Dritte Weg in den Bürgerkrieg (1996), Elf Attacken gegen die Arbeit (1999) et Dead Men Working (2004). Il a également rédigé avec Robert Kurz et Norbert Trenkle le Manifest gegen die Arbeit, [Manifeste contre le travail] (1999), publié en France aux Éditions Lignes / Léo Scheer (et repris en 10/18 depuis).

Norbert Trenkle (1959) est membre du comité et contributeur de la revue Krisis-Beiträge zur Kritik der Warengesellschaft depuis 1988. Il a fait des études en science économique et réside à Nuremberg. Également coauteur du Manifeste contre le travail, il a fait paraître plusieurs ouvrages, parmi lesquels : Elf Attacken gegen die Arbeit (1999) et Dead Men Working (2004).

 

 

 



Publié dans Lutte des classes

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