HABIB ABBA-SIDICK : LA MARTINGALE

Publié le par Tourtaux

 

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Tentative consistant à doubler la mise, que l'on a perdue précédemment. Telle est la définition d'une martingale, titillant les individus relevant d'une addiction au divertissement, que procure le hasard.

La financiarisation a emprunté peu ou prou sa stratégie à l'impondérable, en utilisant une roulette truquée lui permettant de l'emporter avec certitude, grâce à l'apport de la dynamique des probabilités, que certains mathématiciens ont mis à son service. L'objectif proximal est d'engendrer le délitement des ensembles économiques et politiques internationaux et la résolution distale de s'emparer d'un pouvoir, déserté par les «oligarchies démocratiques», enjôlées par une prévarication térébrante.

« Il faut occire la sidérurgie », ayant comme environnement Florange, dont les dernières incandescences tentent d'échapper à l'éteignoir de MITTAL STEEL COMPANY, scènographiant l'agonie de la sidérurgie nationale.

 Laksmi MITTAL, un tycoon de nationalité indienne, résident londonien, propriétaire de feu ARCELOR, depuis 2006, actionnaire et détenteur à 89 % de l'entreprise éponyme, MITTAL STEEL COMPANY, une société de droit batave créée en 1976 et établie à Rotterdam , est parvenue à dissoudre un des colosses de l'acier, ARCELOR, avec la complicité des élites politiques hexagonales et luxembourgeoises.

Ses initiatives, dès leur origine, furent supportées par Goldman & Sachs, établissement financier américain, dans lequel il a rang de membre du CA depuis 2008, comme d'ailleurs depuis 2007 chez EADS.

Le cas d'ARCELOR, expose la conception de Laksmi MITTAL, d'une industrie au service de la spéculation.

L'aventure débute à l'aube du troisième millénaire, en Indonésie, ainsi qu'à Trinidad et Tobago où il s'implante en acquérant plusieurs aciéries, dont les productions de qualité inférieure ne sont pas en capacité de rivaliser avec les fabrications européennes. En 2004 aux USA , il s'approprie International Steel Group (ISG). Auparavant, en Russie, au Kazakhstan, en Roumanie et en Ukraine, de nombreux sites sidérurgiques lui furent dévolus.

L'ensemble de ces emplettes fut réalisé par l'utilisation de LBO (Leverage Buy-Out) successives. Cette technique permettant de financer une partie de l'acquisition d'une entreprise, en empruntant auprès des établissements financiers ou sur les marchés obligataires, générant ainsi un effet de levier rémunérant les prêteurs et autorisant l'emprunteur à s'octroyer la propriété de l'entreprise convoitée. S’ensuivent les dépeçages en pareille occurrence des établissements acquis, leur procurant une rentabilité satisfaisant l'avidité des néo-actionnaires.

En 2006, MITTAL STEEL COMPANY, bien que présentant une créance évaluée à 7 milliards d'euros, mais avec l'aval de Goldman & Sachs, déclenche une OPA hostile envers ARCELOR et s'empare de ce joyau industriel, dont les productions spécialisées d'acier n'ont pas d'équivalent similaire, parmi les aciéristes en activité. Cette offensive est traitée avec mépris par le gouvernement hexagonal et n'appelle de sa part que des velléités, lesquelles sont par définition exemptées de lendemains et se traduisent souvent par un désastre. En 2007, à l'exception des représentants luxembourgeois, le CA d'ARCELOR, renaissant sous l'entité ARCELOR-MITTAL est entièrement renouvelé et les MITTAL's boys succèdent aux précédents dirigeants hexagonaux. Les sites belges de Liège et de Charleroi, ainsi que celui de Gandrange cessent leur activité, cloués au pilori par leur supposée non rentabilité.

Rétrospection, alors qu'en 1981 on célèbre l’avènement de l'union de la gauche, l'actuel ministre des relations extérieures et les hiérarques du CERES, en la personne de leur héraut, sont à la manœuvre. L'industrie sidérurgique domestique, soutenue pendant des décennies par les subventions européennes, gouvernementales et le plan Davignon ont permis aux maîtres des forges d'exclure toute modernisation de l'outil de fabrication et de pérenniser la légende, en la transformant en rentes. La propriété publique se substitua aux dynastes rentiers tels que Seillères, Wendel, une vaste rénovation fut entreprise sans délicatesse, des milliards de ressources publiques furent sacrifiés, 120.000 salariés disparurent de 1974 à 1994 sur les 160 000 que comptait ce secteur d'activité et aboutira, quelques décennies plus tard, à l'éclosion d'ARCELOR, avatar du rapprochement entre USINOR et SACILOR en 1986. Lorsque MITTAL STEEL COMPANY se propulsa en 2006, l'autorité publique était dépourvue des moyens de s'opposer à cette immixtion, puisqu'elle ne disposait d'aucun représentant susceptible de sauvegarder un édifice déjà privatisé.

Maîtrisant l'appareil de production et une thésaurisation attenante, estimée à 18 milliards d'euros en 2006, sans créances répertoriées, MITTAL STEEL COMPANY entame le laminage d'ARCELOR. Les brevets sont utilisés à travers ses possessions asiatiques, américaines, kazakhes etc... lesquelles lui procurent un personnel peu onéreux et dont les considérants industriels initiaux d'ARCELOR sont désormais assujettis au cycle spéculatif déterminé par la City où s'apprécie l'acier. La fabrication hexagonale, parmi laquelle on discerne Florange, n'est pas déterminée par une stratégie industrielle, mais elle représente la variable d'ajustement des cours de l'acier en fonction de la production, permettant ainsi à la MITTAL STEEL COMPANY d'amonceler des profits, hors du processus industriel, en lui préférant la place financière londonienne.

En 2007, ARCELOR-MITTAL se prévalait d'un profit évalué à 11 milliards d'euros. En 2012 nonobstant qu' ARCELOR, présente une créance dont le montant s’élève à 23 milliards d'euros, ces actionnaires subalternes ont perçu 1.2 milliards d'euros, alors que Lakshmi MITTAL s'attribuait un pactole de 1 milliard d'euros.

Le tintamarre gouvernemental orchestré par les sociaux libéraux et leurs auxiliaires, autour de Florange, était moins destiné à exsuder une solution pérenne, que de dissimuler les impérities délibérées de responsables, dont l'avenir est davantage dirigé par les munificences mittalesques, que par le sort d'une sidérurgie, dont la relégation est entérinée par la martingale, que ne retiendra sûrement pas l'histoire, privilégiant plutôt les dupeurs.

 

http://colereetespoir.over-blog.com/article-la-martingale-par-habib-abba-sidick-113628006.html 

Publié dans Lutte des classes

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